Voici une notice Canadienne, pour Jean ADAM (la plupart de nos Adam descendent d'un miraculé), Extrait de Portraits de familles pionnières tome 2, chez Libre Expression, de l'auteur Robert Prévost.

La plupart de nos Adam descendent d’un miraculé

 

Deux pionniers portant le patronyme d’Adam passèrent en Nouvelle-France au cours du premier siècle de son existence. Adam fut tout d’abord un prénom d’origine biblique, mais il passa au rang des noms de famille vers la fin du Moyen Âge.

Le premier de ces ancêtres était Bourguignon. Jean Adam nous venait de Brienon-sur-Armançon. C’était un menuisier, et lors du recensement de 1666, nous le trouvons à l’emploi du marchand Eustache Lambert, à Québec. Celui-ci arrivé fort démuni puisqu’il fut un donné des Jésuites pendant plusieurs années, avait le sens des affaires : il acquit une terre à la pointe Lévy, construisit une maison à Québec et finit par établir une banque sans doute lucrative puisqu’elle se proposait de seconder les marchands.

Brienon est une localité fort ancienne : elle existait déjà à l’époque de l’occupation de la région par les Romains. Saint Loup (ou Leu), archevêque de Sens décédé en l’an 623, avait hérité de la baronnie de Brienon ; il la légua à ses successeurs, de sorte que l’on désigna longtemps le lieu sous le nom de Brienon-l’Archevêque, qu’il portait encore lors de la naissance de Jean Adam. Saint Loup fit construire une église qu’il dédia à saint Martin. Incendiée, réédifiée, agrandie, c’est une collégiale remarquable surtout par son très beau chœur Renaissance qu’éclairent des vitraux du XVIe siècle. Son porche date du XVIIIe, et comporte une inscription probablement unique : {Le peuple français reconnaît l’Être suprême et l’immortalité.} L’église conserve le cœur de saint Loup.

Brienon-sur-Armançon est à quelque 150 km de Paris. La N7 conduit au cœur de la forêt de Fontainebleau (56 km) où débute la N6 qui, via Sens, passe à Joigny (80km) ; d’ici, la D 943, direction Saint-Florentin , atteint Brienon (18km).

On ignore quand Jean Adam arriva en Nouvelle-France, mais il s’y trouvait dès 1664 car, le 24 mars 1665, il perdit presque complètement la vue et devint aveugle par la suite. Ce sont les Relations des Jésuites qui nous le rapportent en 1667, à la faveur d’une énumération de merveilles attribuées à sainte Anne. Après avoir promis de dire neuf fois son rosaire, il fit vœu de visiter la chapelle de Sainte-Anne-de-Beaupré et, éventuellement, le sanctuaire de Notre-Dame-de-Lorette, en Italie. Conduit au premier de ces deux endroits, il recouvra momentanément la vue et aperçut à trois reprises l’hostie lors de l’élévation, à la messe. Il entreprit une neuvaine et, au troisième jour, alors qu’on disait une messe à son intention au collège des Jésuites, à Québec, le même phénomène se reproduisit, et il retrouva {l’usage de la vue plus parfait qu’il ne l’avait eu avant cet accident}. Comme celui-ci s’était produit en mars 1665, Jean Adam était dans la colonie au moins dès l’année précédente.

C’est vers 1673, à Sillery, que Jean Adam fonda un foyer avec Marie Mezeray, fille de René et de Nicole Gareman. René Mezeray, qui était dit Nopces (épellation ancienne de noces), avait lui-même été domestique chez les Jésuites et, lors du recensement de 1667, il se trouvait à la tête d’une importante exploitation agricole qui comptait 100 arpents en valeur, côte Saint-Ignace (Sillery).

Le couple Adam/Mezeray eut neuf enfants. L’aîné, René, vit le jour à Sillery le 9 février 1674 ; en 1696, il épousait Anne Mailloux, veuve de Nicolas Coulombe, qui lui donna deux fils, Ignace et René, qui se marièrent à leur tour. Le deuxième, Ignace, ne semble pas avoir de descendants de ce côté-ci de L’Atlantique : il décéda à La Rochelle en 1705. Le troisième, Jean-Baptiste, né à Lauzon en 1678, épousa à Batiscan, en 1708, Catherine Guillet, fille de Louis et de Marie Trottier ; nous reviendrons plus loin sur Jean-Baptiste, qui fut le père de 12 enfants, dont cinq fils, tous nés à Batiscan. Puis naquirent deux filles, Louise et Anne ; la première épousa François Loquet en 1712, et la seconde, Guillaume Couture, l’année suivante. Le quatrième fils, Michel, décéda en bas âge. La troisième des filles, Angélique, ne vécut que jusqu’à l’adolescence. Deux autres fils, Étienne et Joseph, ne semblent pas avoir eu de postérité.

Jean-Baptiste Adam fut l’un des pionniers de Saint-pierre-les-becquets, municipalité situé sur la rive sud du Saint-Laurent, en face de Batiscan. Le 8 août 1706, il y avait obtenu une concession de six arpents de front sur 40 de profondeur. Mais alors, pourquoi tous ses enfants sont-ils nés à Batiscan (depuis 1709 jusqu’en 1730) ? C’est que, explique l’historien Raymond Douville, beaucoup de colons de Saint-Pierre résidaient à Batiscan, et ils traversaient le fleuve pour défricher leur domaine quand la saison le permettait. Adam ne tenait pas feu et lieu dans la seigneurie de Saint-Pierre ;  en 1723, il y possédait une cabane et y avait défriché cinq arpents. Il attendait les moyens de s’y bâtir maison.

Revenons à l’ancêtre Jean. Vers 1666, il exerce déjà la profession de notaire dans la seigneurie de Lauzon. Plus tard, il s’établit à Beaumont. Hélas, il ne reste nulle trace de son greffe ; nous savons par les documents du Conseil souverain qu’il passa notamment un contrat de mariage à Beaumont en septembre 1674. C’est là qu’il décéda en 1711, et son acte de sépulture lui reconnaît la qualité de notaire.

(Extrait de l’auteur Robert Prévost, Généalogie : Portraits de familles pionnières tome 2, chez Libre Expression)